Ils sont deux et se sont croisés sur les bancs de l’école. L’un est passionné de courses hippiques, qu’il côtoie depuis presque toujours. L’autre a fait ses armes dans la blockchain. C’est la conjugaison de ces deux profils, de ces deux visions, qu’est né SmartHorse : une plateforme innovante de mise en relation BtoB pour le marché des chevaux de course, des saillies et des parts d’étalon. Un marché de niche, mais prometteur. Explications.
La genèse du projet
Florian Guillet est l’un des deux cofondateurs — son actuel associé souhaitant rester dans l’ombre pour le moment. « Je suis ingénieur en biostatistique, au sein d’une équipe de recherche. En parallèle, j’ai co-créé et je gère la société d’investissement familiale, en association avec mon père et mon oncle, spécialisée dans le marché des saillies et parts d’étalon. » Florian Guillet constate alors que les transactions entre acheteurs et vendeurs manquent de traçabilité, en plus de process administratifs complexes. Il explique : « les étalons peuvent effectuer environ 100 saillies chaque année, et leurs propriétaires vendent des parts qui donnent le droit à une saillie annuelle, dont le cours évolue selon le cheval, ses performances, etc. Aujourd’hui, ce marché est réservé aux initiés. »
Florian Guillet a une idée, qu’il partage avec son futur associé : concevoir une plateforme en ligne qui offre davantage de visibilité aux vendeurs et aux acheteurs de parts et de saillies, « pour que chacun ait accès à toutes les informations, en simplifiant le processus de vente. » C’est à ce moment précis que la blockchain entre en scène : « Cette technologie de stockage et de transmission d’informations est à la fois transparente et sécurisée. Ainsi, les données des parties prenantes (haras, acheteurs, courtiers) et les transactions elles-mêmes peuvent transiter facilement, de façon sure, tout en assurant leur traçabilité. » Le prix même des saillies est volatil, car il peut varier rapidement, selon leur cotation par les courtiers et autres intermédiaires.
Une solution pareille n’existe pas (encore) dans le monde équin. Certains haras s’en sont emparés à titre individuel, mais aucune plateforme ne centralise l’offre et la demande sur ce marché à la fois particulier et historique — car les saillies se commercialisent depuis des décennies.
StartMeUp comme tremplin
C’était toute l’ambition de Florian Guillet : challenger l’idée pour évaluer sa faisabilité, grâce à l’accompagnement offert par StartMeUp By Le Poool. Et se mettre en marche, rapidement, si tel est le cas. Justement, ça l’est. « Nous avions l’ambition de faire cohabiter deux mondes : le milieu équin, et celui de l’innovation technologique. Nous avons intégré StartMeUp alors que nous n’en étions qu’à la phase du concept, de la réflexion. Nous étions les deux petits jeunes de la promo, avec peu d’expérience professionnelle. » Il ajoute : « nous avons participé à toutes les interventions. Découvert des sujets techniques indispensables, comme les aspects juridiques. Nous sommes aussi allés sur le terrain pour interroger nos clients finaux, pour mieux comprendre leurs pratiques, leurs besoins. » Des semaines riches pour les deux associés qui ont validé leur projet. « Par exemple, nous avons identifié un frein technologique majeur : l’utilisation du mobile ou de l’ordinateur par notre public cible. Un frein qui peut être vite levé étant donné l’attrait de notre concept pour ces utilisateurs. Nous réfléchissons donc à un accompagnement personnalisé pour permettre au plus grand nombre de bénéficier de notre solution », étaye Florian Guillet.
Un prototype pourra ainsi être finalisé dans les prochaines semaines, qu’ils proposeront à leurs clients finaux. Mais avant cela, les deux associés souhaitent peaufiner leur discours commercial pour présenter SmartHorse aux institutions du monde équin : France Galop, LeTROT et l’Institut français du cheval et de l’équitation. « S’ils sont partants, notre plateforme décollera très rapidement. » Et après ? Accueillir un nouvel associé (déjà identifié), faire entrer des investisseurs, et continuer à ouvrir la solution à d’autres acteurs « comme les vétérinaires, qui pourraient apporter des informations supplémentaires authentifiées à une carte d’identité numérique de chaque cheval. » Bref, des idées à profusion… À suivre !