Voici un nouveau portrait d’un entrepreneur accéléré par StartMeUp by Le Poool : Eloi (prononcez é-loï) Ferracioli, ingénieur environnemental brésilien installé en France depuis 5 ans. Son domaine de prédilection : l’assainissement et le traitement des eaux usées. C’est sur le traitement des effluents agricoles, et plus particulièrement du lisier, qu’il s’est spécialisé avec son associée Anne-Laure Duhaut. Si le projet Ferticicle n’a pas encore de statut juridique, les travaux des deux associés aboutiront bientôt à un prototype grandeur nature.
La délicate question du lisier
Un peu de contexte tout d’abord : le lisier — c’est-à-dire les déjections liquides issues des élevages — est une réelle problématique pour l’environnement et pour les éleveurs en Europe. Il l’est davantage dans le Grand Ouest, qui concentre 70% de l’activité d’élevage en France. Ainsi, la pollution générée par les effluents agricoles, comme les marées vertes, sont des sujets d’inquiétude pour les citoyens, comme pour les collectivités et les éleveurs.
D’un côté, la réglementation européenne se durcit d’année en année, pour limiter les apports de lisier au champ, pratiqué pour la valeur fertilisante du produit. De l’autre, les éleveurs sont contraints de trouver de nouvelles solutions pour répondre à ces exigences environnementales. Certains optent pour réduire leur cheptel, et donc leurs revenus. D’autres transportent leurs effluents sur plusieurs dizaines de kilomètres — en tracteur à 25km/h, ! — et chaque fois plus loin au fil des années.
La réponse au problème
Après avoir observé et questionné les agriculteurs bretons, Eloi Ferracioli s’est attelé à ce problème et propose une solution intermédiaire : une prestation de service qui récupère la matière organique du lisier grâce à un système de pompage innovant, et à moindre coût. Ce qui rend accessible cette innovation aux exploitations plus modestes. « Nous avons commencé à travailler sur un nouveau concept de traitement en 2017, qui tire parti des procédés qui se passent naturellement dans les fosses de stockage », étaye Eloi Ferracioli.
Le principe est (a priori) simple : une fois le lisier traité grâce au procédé innovant mis au point par Ferticicle, la partie solide, qui contient la majorité des nutriments, est exportée vers d’autres régions de France, pour être ensuite utilisée comme engrais ou amendement organique, notamment vers les exploitations céréalières. « Le marché est déjà très captif dans la Beauce ou le Bordelais », explique Eloi Ferracioli. Il ajoute : « Notre système est 5 fois moins onéreux et gourmand en énergie que les solutions existantes. Nous nous intéressons plus particulièrement aux petites et moyennes exploitations. Car notre équipement ne nécessite pas d’investissement initial, et peut être modulé selon le volume de lisier à traiter. »
Ainsi, Ferticicle a présenté son PoC (proof of concept, ou preuve de concept) fin 2019, et bûche actuellement sur son MVP (minimum valuable product, ou produit minimum viable). « Nous pourrons faire des essais dans les prochains mois », s’enthousiasme Eloi Ferracioli.
StartMeUp et au-delà
Une fois l’idée du concept validée auprès de son réseau agricole, qu’il a constitué au fil des années en Bretagne et Pays de la Loire, Eloi Ferracioli a contacté Le Poool pour être épaulé dans son projet entrepreneurial. « Les formations, les retours d’expérience des dirigeants, l’accompagnement des mentors sont une véritable richesse pour les entrepreneurs en devenir comme moi. Ce programme est très « direct au point » : nos interlocuteurs savent identifier ce dont nous avons besoin, ils nous aident à nous poser les bonnes questions et à nous mettre en relation avec les bons intervenants. »
Après 3 ans de recherches et d’expérimentations, l’heure est donc venue de créer l’entreprise Ferticicle et de commercialiser son innovation. Si la Bretagne sera ciblée dans un premier temps, l’Europe est d’ores et déjà dans le viseur d’Eloi Ferracioli et de son associée.