C’est dans un laboratoire de l’INSA Rennes que l’histoire d’Olnica commence. Nicolas Kerbellec y fait une découverte stupéfiante, hors des sentiers battus. Ses travaux de recherche l’ont mené à créer sa startup, qui souffle sa douzième bougie cette année. La suite nous est racontée par son fondateur.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 41 ans, et, jusqu’à très récemment j’étais CEO de la société Olnica, que j’ai fondée en 2010 après mes travaux de recherche à l’INSA Rennes. Ces travaux ont porté sur le développement de produits et d’applications à partir des terres rares. Ces éléments sont méconnus du grand public, mais cruciaux pour la recherche et l’industrie en général : ils sont largement utilisés dans tous les secteurs économiques. On en retrouve dans les filtres à particules de l’automobile, les produits injectés dans l’imagerie médicale ou encore dans les tubes néon pour les luminaires.
Qu’est-ce qui t’a donné envie d’entreprendre ?
J’avais carte blanche pendant ma thèse : j’ai pu sortir du cadre et expérimenter parfois en dehors de mon périmètre initial. Ainsi, j’ai réussi à synthétiser des poudres et leur donner une formule unique à chaque fois, sans changer leurs propriétés. Une découverte majeure, qu’on appelle aujourd’hui ADN moléculaire. Nous avons déposé les brevets. Et puis, à la fin de ma thèse, s’est posée la question de l’exploitation de mes travaux avec l’INSA Rennes. C’est Cyrille Chapon de Bretagne Valorisation qui m’a soufflé l’idée de créer ma startup. Et je me suis lancé.
Que propose Olnica ?
Olnica est une société spécialisée dans la traçabilité des matières et des produits pour lutter contre la fraude, la contrefaçon et la malfaçon. Pour ce faire, nous avons conçu une poudre qui s’intègre à ces produits pour les tracer, et certifier leur origine. En amont, nous analysons le besoin de nos clients et identifions leur réelle problématique pour leur proposer une solution adaptée. En aval, nous fournissons des lecteurs pour détecter nos traceurs et déceler les fraudes.
Les enjeux sont colossaux pour les entreprises, qui investissent en R&D et se voient dérober leurs savoir-faire. Au-delà de la perte du chiffre d’affaires et des emplois à préserver, la contrefaçon et la malfaçon représentent des risques sanitaires et sécuritaires majeurs. Nous répondons en partie à ces questions grâce à notre solution. Aujourd’hui, nous travaillons pour des entreprises privées et des acteurs du public comme la Police ou la Gendarmerie, en France et dans le monde — notamment en Chine, en Corée, et dans toute l’Europe. Notre équipe compte une dizaine de personnes.
À quel stade de développement Le Poool t’a donné un coup de pouce ? En quoi cela t’a permis d’accélérer ton business ?
J’ai rapidement frappé à la porte de Rennes Atalante pour m’aiguiller. J’ai été incubé par Emergys, ce qui m’a permis de préparer le lancement de ma startup. Par la suite, Olnica a été deux fois lauréate en 2008 et 2009 du concours national I-Lab, dans les catégories émergence, puis création-développement.
Pourquoi avoir choisi Rennes pour t’installer ?
Je suis Breton de Pontivy (dans le Morbihan), et j’ai étudié à Rennes. Si j’y suis resté, c’est aussi parce que la situation de la métropole rennaise est idéale, géographiquement, mais également pour ses écoles et la qualité de leurs formations pour nos recrues, actuelles ou futures.
L’actu du moment pour Olnica ?
L’information a été récemment relayée dans la presse : nous venons d’intégrer le groupe Socomore. Une belle opportunité pour nous développer davantage et adresser des grands comptes. Nous gardons notre indépendance, tout en bénéficiant des services support du groupe. Cette relation avec Socomore n’est pas nouvelle, car nous avons tissé des liens forts avec Frédéric Lescure (son CEO) au fil des années. Il a toujours été disponible pour m’écouter et me conseiller.
Que signifie l’innovation vertueuse pour Olnica et quelles sont vos actions en ce sens ?
Pour moi, l’innovation, quelle qu’elle soit, doit être utile. Ce qui signifie servir au plus grand nombre. C’est en ce sens que nous avons conçu et affiné notre solution, pour répondre et anticiper les crises, et œuvrer pour plus de transparence dans l’intérêt du consommateur final.
Enfin, quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer ?
Bien s’entourer, car c’est essentiel. Avoir aussi l’audace de s’autoriser à se lancer, de ne pas s’interdire de croire à son projet. Et puis confronter les avis, pour s’ouvrir à d’autres possibilités ou confirmer son idée de départ.
Aujourd’hui, j’accompagne des entrepreneurs qui s’engagent dans cette aventure et je pense que c’est mon rôle de leur donner envie, pour leur donner l’impulsion dont ils ont besoin !