Co-fondateur avec Xavier Frère de SmartViser en 2014, Gilles Ricordel revient pour nous sur son parcours, son histoire entrepreneuriale et ses partis pris. Une trajectoire au carrefour de l’innovation technologique et vertueuse, en lien fort avec les enjeux de connectivité et environnementaux. La suite, dans cette interview.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Avant de fonder SmartViser avec mon associé Xavier Frère, j’ai œuvré pendant une vingtaine d’années dans la téléphonie et les télécoms au sein de grands groupes — Mitsubishi, Motorola et Renesas. Ingénieur de formation, j’ai rapidement basculé dans la gestion de programmes internationaux, ainsi que le business development dans un contexte multiculturel.
Qu’est-ce qui t’a donné envie d’entreprendre ?
Avec Xavier Frère, nous avions envie depuis longtemps de mettre à disposition des outils qu’on aurait aimé avoir entre les mains pour améliorer les produits et services sur lesquels nous travaillions. Des outils qui pouvaient faciliter la mise sur le marché de ces produits et services, avec un accent marqué sur l’expérience utilisateur. Cette offre n’existait pas alors.
Cinq ans avant de créer SmartViser, nous échangions déjà avec Xavier sur ce projet. En 2014, nous avons saisi l’opportunité qui se présentait à nous : avec la fermeture de Renesas, où nous étions salariés, nous nous sommes lancés.
Xavier et moi, nous nous connaissons depuis 2001. Nous avons collaboré ensemble sur de nombreuses missions, lui sur la partie technique, moi sur le volet business. Une complémentarité que nous avons nourrie au sein de SmartViser.
Que propose SmartViser ?
Notre entreprise développe et commercialise des solutions de tests automatisés pour les opérateurs et constructeurs télécoms, en portant une attention particulière à la qualité de l’expérience utilisateur. Nous avons ainsi conçu un service innovant, le virtual user, qui permet de tester automatiquement les produits et services par un utilisateur virtuel — comme s’il était manipulé par une personne en chair et en os. Notre objectif : améliorer la qualité des produits et services télécoms au travers de ces différents tests, et réduire le temps de mise sur marché. Plus concrètement, nous nous adressons aux constructeurs pour les aider à finaliser le développement de leurs produits, et aux opérateurs pour améliorer la qualité (notamment audio) et la couverture de leur réseau.
SmartViser compte aujourd’hui 24 collaborateurs dont 19 à Rennes, 2 en Angleterre, 1 à Chypre, 1 en Chine, et 1 au Japon. Notre entreprise génère un chiffre d’affaires de près 1,5 million d’euros, en progression de 40% entre 2020 et 2021.
A quel stade de développement Le Poool t’a donné un coup de pouce ? En quoi cela t’a permis d’accélérer ton business ?
Dès le début, lorsque l’idée germait en 2009. Rennes Atalante (aujourd’hui fusionnée au sein du Poool) nous a soutenus en nous challengeant sur notre projet, et en nous orientant vers d’autres interlocuteurs — organismes et entrepreneurs. Plus tard, en 2017, Rennes Atalante nous a aidés à nouveau dans notre première levée de fonds, par la mise en relation avec les bonnes personnes.
Avec cet accompagnement, nous avons pu affiner et ajuster notre projet, nous rassurer aussi. Nous avons gagné énormément de temps en trouvant les réponses ou les conseils qu’il nous fallait, au moment opportun.
Pourquoi avoir choisi Rennes pour t’installer ?
Mon associé et moi sommes tous deux Rennais. Nous connaissions bien l’écosystème et les différentes instances locales, dont Le Poool. Rennes était et reste la télécom valley en France. Pour toutes ces raisons, rester à Rennes était une évidence.
L’actu du moment pour SmartViser ?
Nous revenons tout juste du salon de Barcelone, où nous avons mesuré l’ampleur de deux évènements majeurs à venir dans les télécoms.
Le premier, c’est l’arrêt progressif de la 3G un peu partout dans le monde. Ce qui pose des questions aux professionnels du secteur sur la qualité de la voix — un point que nous maitrisons pour avoir déployé une solution innovante en la matière.
Le deuxième enjeu touche plus particulièrement à la réglementation européenne : la Commission européenne, avec qui nous collaborons déjà, imposera bientôt aux constructeurs mobiles un label dédié à la performance énergétique. Avec notre système automatisé de tests, notamment sur les batteries, nous serons en mesure d’accompagner ces professionnels pour les aider à concevoir des produits moins énergivores.
Enfin, SmartViser se déploie sur le continent africain. Une nouvelle zone géographique et un nouveau marché que nous avons récemment investi. Une série de tests avec des professionnels du domaine sont en cours.
Que signifie l’innovation vertueuse pour SmartViser et quelles sont vos actions en ce sens ?
La connectivité est devenue un enjeu important, presque autant que l’accès à l’eau ou à l’électricité. Mais pas à n’importe quel prix. Au quotidien, nous imaginons et développons des solutions pour optimiser les produits et services dans les télécoms. Pour nous, l’optimisation est aussi énergétique, et par conséquent vertueuse. Nous savons répondre à ces besoins, que nous avions anticipés.
Enfin, quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer ?
Même si chaque projet est différent, je conseillerais aux futurs entrepreneurs de tester leur idée de départ en allant au contact de leurs prospects et clients — ce que nous avons fait 6 mois avant de créer SmartViser.
Je crois aussi qu’il est essentiel de rester open minded, ouvert à toutes les remarques, à l’écoute. Pas forcément pour les suivre, mais pour entendre d’autres avis que le sien. Une posture à adopter dans le temps, car rien n’est jamais acquis !
Autre conseil, lié au précédent : bien s’entourer et chercher à avoir des retours d’expérience de ses pairs, pour se nourrir des parcours d’entrepreneurs.
Enfin, et c’est notre motto : do fast, fail fast. Autrement dit, il faut y aller, se mettre en route et accepter les échecs qui font partie de l’aventure, et nous font grandir !