Aller au contenu

Success story : Ené Leppik, co-fondatrice d’AGRIODOR

« Il faut oser, avoir un plan et s’entourer ! »

08 juin 2022

Ené Leppik est une entrepreneure à rencontrer — c’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons frappé à sa porte pour vous brosser ici son parcours. Avec ses deux associés et son équipe, Ené Leppik apporte sa pierre à l’édifice et fait germer la graine d’une autre agriculture, avec cette posture résolument positive à laquelle elle tient. Ené Leppik est fondatrice d’aGRiODOR. La suite dans cet article !

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis d’origine estonienne. Je suis venue faire mes études en France, en écologie d’abord, puis en neurosciences, et enfin en écologie chimique — une troisième discipline qui combine les deux premières. Mon doctorat en poche, j’ai travaillé une dizaine d’années à l’INRAE Île-de-France sur les relations plantes-insectes. 

Success story : Ené Leppik, co-fondatrice d'AGRIODOR
Ené Leppik, Alain Thibault et Camille Delpoux, les co-fondateurs

Qu’est-ce qui t’a donné envie d’entreprendre ?

Disons que je suis quelqu’un de pragmatique : je viens de la campagne, que j’ai beaucoup observée d’ailleurs. Aussi, après avoir mené des travaux de recherche qui ont ensuite été brevetés, j’ai souhaité appliquer ce que j’avais étudié, pour que ce soit utile. Quand j’ai travaillé sur les médiateurs chimiques, entre insectes ou plantes-insectes, j’ai eu un déclic : ces recherches pouvaient protéger les cultures ! J’ai donc voulu sortir cette innovation du laboratoire, pour proposer des solutions alternatives aux insecticides directement dans les champs. C’est de ce constat, et de cette envie, qu’aGRiODOR est né en 2019. Cette société, nous l’avons fondée à trois : Alain Thibault, Camille Delpoux et moi-même. Trois profils complémentaires, aux côtés de nos 12 collaborateurs, qui font le succès de notre entreprise.

Que propose aGRiODOR ?

Nous concevons des solutions de biocontrôle contre les ravageurs des récoltes. En d’autres termes, nous créons des parfums, perceptibles uniquement des insectes, pour brouiller les pistes et les repousser. Pour chacun des nuisibles identifiés, nous nous servons des molécules et des odeurs qui les attirent pour manipuler son comportement. Ainsi, nos solutions sont ciblées sur un insecte en particulier, n’impactent pas les auxiliaires — les coccinelles ou les pollinisateurs —, ni le consommateur final. Car nous n’utilisons pas des produits toxiques, seulement les molécules émises naturellement par les plantes. 

Aujourd’hui, nous avons conçu trois parfums : pour les cultures de féveroles, de lentilles et de pois qui sont commercialisés par la société De Sangosse en France. 

À quel stade de développement Le Poool t’a donné un coup de pouce ? En quoi cela t’a permis d’accélérer ton business ?

En 2021, nous décidons de partir d’Île-de-France pour poser nos valises au Biopôle à Rennes. Le Poool nous a beaucoup aidés à entrer dans l’écosystème local, en nous mettant en relation avec les bons acteurs. Il nous a permis d’identifier cette pépinière où nous avons ainsi notre propre laboratoire d’écologie chimique. Avec notre développement, notre challenge est le manque de place et j’espère que nous pourrons trouver une extension au Biopôle.

Pourquoi avoir choisi Rennes pour t’installer ?

Nous souhaitions être plus proches du terrain et des agriculteurs pour tester nos solutions. Lorsque nous avons étudié les différentes possibilités qui s’offraient à nous en France, nous avons aussi découvert une belle dynamique entrepreneuriale en Bretagne. Et puis, Rennes est réputée pour son vivier de talents. Nous avons d’ailleurs recruté la moitié de notre équipe depuis notre arrivée à la métropole !

L’actu du moment pour aGRiODOR ?

Nous sommes toujours en phase d’accélération. Nous travaillons actuellement sur le PNRI (plan national de recherche et d’innovation) qui œuvre à trouver des solutions alternatives à l’utilisation des néonicotinoïdes sur la betterave.

Par ailleurs, nous prévoyons de renforcer notre équipe dès cette année, avec des techniciens et des ingénieurs. Nous sommes à la recherche de profils passionnés par le biocontrôle, et la quête de solutions positives pour faire face aux enjeux qui se présentent à nous dans l’agriculture. 

Que signifie l’innovation vertueuse pour aGRiODOR et quelles sont vos actions en ce sens ?

C’est une question intéressante car, finalement, qu’est ce qui fait qu’une innovation est vertueuse ? Je crois que l’innovation devient ce qu’on en fait : elle est vertueuse, ou non, parce que sa finalité et son usage le sont.

Pour nous, cela signifie observer la nature, s’en inspirer et reproduire ses mécanismes pour contrôler les insectes ravageurs. Et la protéger, en même temps que les cultures, qui nourrissent ensuite le bétail et l’humanité.

Enfin, quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer ?

Oser, avoir un plan et s’entourer. Oser, parce qu’il faut une dose d’audace pour entreprendre. Avoir un plan, pour se projeter même s’il peut changer en cours de route. Et s’entourer, pour avancer avec des gens solides et intègres, sur lesquels on peut compter. C’est en tout cas mon humble expérience !

Autres articles qui peuvent vous intéresser
  • 13/12/2024

    Imagine Summit 2024 – L’innovation désirable rassemble plus de 1500 participants à Rennes

    Lire la suite
  • 25/11/2024

    Retour sur l’expérimentation d’Aubépine

    Lire la suite