Le LAB Rennes Saint-Malo permet aux entreprises qui ont un impact positif sur la société de tester leur innovation en conditions réelles. Le dispositif aide les entrepreneurs et/ou dirigeants à organiser l’étape de « l’expérimentation », ce moment clé, avant la commercialisation, où la solution est confrontée pour la première fois à son public.
Retour sur l’expérimentation de RétroPac, une entreprise rennaise qui fabrique des pompes à chaleur adaptables et modulables, avec Anthony ROCTON, Président de RétroPac et Loïc De Sousa, Directeur de DSL confort. L’objectif de RétroPac ? Donner une seconde vie à toutes les pompes à chaleur géothermiques déjà installées, mais en fin de vie.
| Durée de l’expérimentation : 12 mois Lieu de l’expérimentation : chez un particulier, à Montlouis (37) avec l’intervention d’un installateur (DSL confort) Zoom sur LifePAC, la solution de RétroPac : Vous l’ignorez peut-être, mais la majorité des pompes à chaleur installées ces 20 dernières années utilisent un fluide ayant un impact néfaste sur la couche d’ozone en cas de fuite dans l’atmosphère. Le fluide ne répondant plus aux normes actuelles, cela rend les systèmes non réparables. Les pompes à chaleur doivent donc être remplacées par des systèmes plus récents, ce qui entraîne des travaux et des coûts importants. Cette problématique concerne plus de 200 000 foyers en France ! L’innovation de RétroPac est révolutionnaire puisqu’elle s’adapte à l’ancienne installation en conservant 50% de celle-ci, dont le capteur géothermique ainsi que le plancher chauffant. Résultat : plus besoin de repartir de zéro et de refaire une installation de chauffage central complète. Une alternative très économique mais aussi écologique à ce qui existe sur le marché ! |
Quels étaient les enjeux de cette expérimentation pour RétroPac ?
Anthony Rocton, RétroPac : Avec cette expérimentation nous voulions valider en situation réelle les résultats positifs obtenus en laboratoire de notre solution LifePAC, ainsi que les choix techniques effectués lors de la conception du prototype.
Si on entre dans les détails, on voulait surtout :
- confirmer qu’il est possible pour un particulier de prolonger la durée de vie de son dispositif de géothermie en conservant plus de 50% de son installation
- vérifier que l’utilisation du fluide répondant au normes environnementales de 2030 était bien efficace
- confirmer que la nouvelle technologie “Inverter” que nous avons intégrée permettait de bien gérer les différentes zones de chauffage, que l’algorithme ajustait bien la vitesse du compresseur en fonction des variations de la haute pression (HP).
Pourquoi avoir mis en place cette expérimentation avec DSL confort ?
Anthony Rocton, RétroPac : Les installateurs ont souvent affaire à la problématique des pompes à chaleur en fin de vie et doivent la plupart du temps tout casser et faire débourser de gros montants aux clients pour la mise en place d’une nouvelle solution, avec tout l’impact écologique que cela représente. Nous avions donc besoin de l’expertise de DSL confort, spécialistes des travaux d’installation d’équipements thermiques et de climatisation, pour valider toutes les étapes de l’expérimentation, et être certains que notre solution les aidait également dans leur travail d’installation.
Loïc de Sousa, DSL confort : Nous intervenons quotidiennement sur ce type d’installations donc nous avons une bonne connaissance des problématiques associées et des solutions appropriées. Par ailleurs, nos expériences et savoir-faire se complètent sur toutes les étapes du projet, de l’installation de la solution aux performances obtenues en passant par le fonctionnement, ce qui est très enrichissant et permet de développer une solution à la pointe.
Quelles ont été les différentes étapes de l’expérimentation ?
Anthony Rocton, RétroPac : L’expérimentation a duré une année complète avec quatre étapes clés.
1. La mise au point du prototype en usine par l’équipe de RétroPac
2. L’installation du prototype et sa mise en service dans le pavillon du Particulier par l’installateur DLS Confort (vérification de l’étanchéité des circuits, raccordement de la pompe à chaleur avec le débitmètre…etc)
3. Les tests de comportement et de performance de la solution sur les 4 saisons.
4. L’analyse des résultats
Que vous a révélé l’expérimentation sur la solution ?
Anthony Rocton, RétroPac : L’expérimentation a tout d’abord validé notre solution, en témoigne la satisfaction des propriétaires de la maison qui ont souligné le bon fonctionnement ainsi que le confort engendré (puissance de chauffe, réactivité, réglages).
Loïc de Sousa, DSL confort : Aussi, nous avons constaté que plus de 50 % de l’installation initiale peut être conservée sans nécessiter de travaux majeurs. Donc aucun travail n’a été effectué à l’intérieur de la maison, à l’exception du raccordement électrique au tableau et de l’installation du thermostat d’ambiance. On s’est également rendus compte que l’installation était fluide et accessible, elle a même surpassé nos attentes. Cela a rassuré Anthony Rocton parce que les installateurs sont souvent réticents face à la nouveauté. Puisque la pompe à chaleur est équipée de vannes d’arrêt, nous pouvons même intervenir sur une partie du système sans affecter l’ensemble, ce qui n’est pas toujours le cas avec d’autres options sur le marché.
Anthony Rocton, RétroPac : Concernant le fluide utilisé, le R454C s’intègre parfaitement dans notre installation, affichant une charge frigorigène inférieure à celle de l’installation initiale, ce qui constitue un avantage significatif. Il permet non seulement une montée en température vraiment rapide mais il répond aussi pleinement à nos exigences en matière de réglementation F-Gas 2030 : il est conforme aux normes qui entreront en vigueur le 1er janvier 2027. Il est important de souligner que le potentiel de réchauffement global du fluide R454C est inférieur à 150 alors que les fluides frigorigènes de nos deux concurrents principaux ont un potentiel de réchauffement global supérieur à 675. Bien que ces solutions répondent aux normes actuelles, elles limitent voire condamnent la possibilité de réparation à partir de 2030. A contrario, nous offrons une vision réelle de durabilité et de réparabilité au-delà de 2030.
Loïc de Sousa, DSL confort : Pour ce qui est de l’adaptation avec l’installation existante, nous avons rencontré quelques problèmes de remontées de données au départ, ce qui pouvait provoquer des mises en défaut de la pompe à chaleur mais les nombreux tests que nous avons effectués nous ont permis d’ajuster l’algorithme et d’intégrer des sécurités pour prévenir les coupures en basse ou haute pression. Cela permet d’assurer une cohérence de fonctionnement même en cas de charge frigorigène non adaptée à l’installation.
Anthony Rocton, RétroPac : Ensuite, le système “Inverter” s’est avéré performant, grâce au compresseur intelligent qui est intégré, qui est capable d’ajuster automatiquement sa vitesse. Cela permet non seulement d’optimiser la consommation énergétique mais aussi de prévenir des coupures dues à des hautes pressions. C’est un atout majeur qui améliore l’efficacité énergétique et le confort.
Et maintenant, que va-t-il se passer concrètement ?
Anthony Rocton, RétroPac : Grâce à l’expérimentation qui a confirmé l’efficacité de notre solution, nous avons déposé un brevet français en juin 2024 et nous allons travailler sur d’autres fonctionnalités, notamment sur l’intégration de thermostats intelligents.
Récemment, nous avons lancé une application appelée “RétroPac Connect”. Elle permet à nos installateurs de se connecter directement à nos pompes à chaleur LifePAC via Bluetooth lors de leurs interventions. Cela leur évite d’avoir à installer des manomètres, réduisant ainsi le risque de fuites de fluide frigorigène lors du raccordement.
Cette application constitue un outil complémentaire que nous avons développé en réponse aux lacunes identifiées lors de notre phase d’expérimentation.
Ensuite, d’ici trois ans, nous prévoyons un chiffre d’affaires d’1,5 M € et l’embauche de 10 personnes !
Pour conclure, on peut dire que l’expérimentation a été une réussite sur le plan technique mais aussi sur le plan environnemental, car tous les composants ont été sélectionnés et commandés auprès de fournisseurs locaux, français, voire européens lorsque nécessaire. Par ailleurs, nous récupérons les pompes à chaleur remplacées que nous démontons afin
d’extraire les composants qui pourraient encore être fonctionnels. Ces composants sont ensuite mis à disposition sur notre site internet, contribuant ainsi au réemploi pour participer à l’économie circulaire.
Et côté client, en comparant les consommations sur l’année de l’expérimentation avec l’année N-1, les clients dépensaient plus de 2 322€/ an en chauffage électrique VS 529,35€/an en chauffage géothermique grâce à notre installation.
