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Retour sur l’expérimentation d’a-gO

15 novembre 2024

Le Poool avec la Région Bretagne accompagne les entreprises d’Ille et Vilaine dans leur projet d’innovation. Le dispositif INNO Expé Numérique est une aide au financement des projets d’expérimentation jusqu’à 50 000€ en subvention ou 150 000€ en Avance Remboursable.

Retour sur l’expérimentation d’a-gO, une entreprise rennaise qui conçoit des technologies d’analyse et de correction du mouvement dans une optique de rééducation ou de performance, avec Alexandre Dalibot Président d’a-gO.

Durée de l’expérimentation : 12 mois
Lieu de l’expérimentation : À Rennes OrthoSport, un cabinet de médecine et de chirurgie du sport ; à Annecy, dans un cabinet de kinésithérapie ; en Suisse, dans un Club de football professionnel : Genève Servette FC.
Zoom sur la solution d’a-gO : Les analyses du mouvement sont utilisées par les pros de santé et du sport pour prévenir ou prendre en charge les blessures. Or, les technologies actuelles utilisées en pratique courante pour analyser le mouvement ne permettent pas d’accéder à la totalité des informations contenues dans le mouvement humain : elles manquent de précision (simple caméra monoculaire par ex.) ou utilisent des indicateurs d’analyse trop peu exhaustifs.
a-gO a décidé de développer une solution innovante qui combine des technologies de vision par ordinateur et des algorithmes d’IA bâtis sur les sciences dumouvement.
L’analyse du mouvement est rendue puissante, automatisée et fiable. A quoi ressemble la technologie ? C’est une solution software utilisable via une web app qui contrôle plusieurs caméras faciles à utiliser et à déplacer. 

Quels étaient les enjeux de cette expérimentation pour a-gO ?

Alexandre Dalibot, a-gO : L’expérimentation avait pour but d’améliorer la première version (V1) de notre solution afin d’obtenir un produit parfaitement adapté aux besoins des chirurgiens, médecins, kinésithérapeutes ou encore préparateurs physiques qui prennent en charge les atteintes du ligament croisé antérieur (LCA) du genou. Il faut savoir que l’atteinte du LCA est une des atteintes orthopédiques les plus courantes au monde (250 000 cas en Europe / an) et représente un marché estimé à 2,6 milliards de dollars pour l’Europe et les États-Unis. 

Nous avions donc trois objectifs principaux :

  1.  Évaluer la faisabilité de l’intégration de notre V1 dans la pratique des professionnels du mouvement. Etudier comment les expérimentateurs interagissent avec la technologie, sachant qu’ils n’ont pas tous les mêmes besoins ni les mêmes contraintes sur le terrain.
  1. Comprendre comment notre solution est en mesure de répondre aux besoins des professionnels du mouvement. Évaluer l’acceptabilité et la satisfaction des utilisateurs à l’usage de la solution.
  1. Obtenir des données de capture du mouvement directement sur le terrain. Créer, directement à partir de données réelles d’individus dans le cadre de la prévention de blessure ou de la prise en charge d’une atteinte du ligament croisé, une base de données permettant d’optimiser nos algorithmes d’analyse du mouvement. 

Quelles ont été les différentes étapes de l’expérimentation ?

Alexandre Dalibot, a-gO :  Après une phase d’installation du matériel et de formations des partenaires, l’expérimentation a commencé simultanément dans l’ensemble des centres expérimentateurs avec une phase 1 de recrutement des patients (1 mois) suivie par une grande phase 2 de capture et de transmissions des données (5 mois). Après cette phase, l’expérimentation s’est terminée par une phase 3 d’un mois destinée à présenter le travail réalisé aux partenaires et faire le bilan.

Que vous a révélé l’expérimentation sur la solution et la manière dont les trois différents utilisateurs l’utilisent ? 

Alexandre Dalibot, a-gO :  Globalement, tous les expérimentateurs sont d’accord pour dire que l’accès à des données précises sur les mouvements et les performances des patients ont ouvert de nouvelles perspectives pour améliorer les diagnostics et personnaliser les traitements, et ont permis d’atteindre des résultats positifs et prometteurs pour l’avenir des athlètes.

Grâce aux retours de chacun, nous avons pu affiner la présentation (notamment visuelle) des résultats des analyses du mouvement afin qu’ils soient les plus synthétiques, pertinents et compréhensibles possibles pour les professionnels tout en gardant leur sens et leur portée.

Côté technique, les succès (qualité de la capture, portabilité du système) et les limites (surchauffe des caméras, configuration du setup) du système testé à ce moment-là ont permis de rédiger un cahier des charges technique complet des fonctionnalités nécessaires à la précision et à l’acceptation de la solution.

Mais ce qui est particulièrement intéressant à relever, c’est que les bénéfices ont été différents pour chacun, compte tenu de leurs caractéristiques et de leurs situations. 

À titre d’exemple, le club de football professionnel a très bien pris en main la solution dès le début, notre solution s’est parfaitement intégrée à leur routine. Il faut savoir que lorsque les joueurs font une session de capture du mouvement, ça dure en général entre une journée et une journée et demie. Grâce à notre solution, nous passions 22 athlètes en 2,5 heures ! Il y avait un gain de temps et de simplification des outils existants flagrant. Grâce au club, nous avons affiné et consolidé la solution en elle-même, surtout concernant l’utilisabilité et la partie capture du mouvement : on atteint un niveau de fiabilité maximum, ce qui est rassurant. 

Du côté du cabinet de kinésithérapie, l’espace étant plus restreint et le temps de formation plus court, la prise en main de notre solution a été plus délicate. En effet, les kinésithérapeutes doivent prendre le temps de se former, en plus de leur temps de travail avec les patients, alors que le club sportif peut l’intégrer au sein des journées avec les joueurs. 

Enfin, concernant le cabinet de chirurgie Rennes Ortho Sport, la difficulté a été la disponibilité des praticiens qui ont un emploi du temps très chargé entre les consultations et les opérations. En parallèle, on s’est rapidement rendus compte qu’il était plus intéressant pour eux d’être accompagné sur la partie analyse du mouvement et moins sur la partie protocole de capture et utilisabilité de solution comme avec les deux autres expérimentateurs. En cours de route, nous avons donc lancé avec eux un grand projet de recherche autour de la blessure du LCA. Plusieurs études sont donc en cours, avec quatre laboratoires : à Rennes, à Caen, à Montpellier et aux USA. Une de ces études, menée avec le chirurgien du sport Nabil Najihi, va suivre des patients blessés aux genoux sur une année pour voir comment un outil comme le nôtre peut pousser de l’information à forte valeur ajoutée aux professionnels de santé. C’est une très belle avancée pour nous. 

L’expérimentation vous a aussi permis d’opérer un pivot stratégique. Pouvez-vous nous expliquer comment votre projet a-t-il évolué quelques mois après l’expérimentation ?

Alexandre Dalibot, a-gO : En effet, l’expérimentation a profondément modifié notre stratégie de marché. Depuis la fin de notre expérimentation en mai dernier, de nombreux points ont évolué et se sont débloqués grâce aux retours des différents expérimentateurs. Nous sommes passés d’une solution orientée sportech à une solution medtech.

L’expérimentation nous a montré que le marché de la medtech était plus prometteur pour a-gO.

Bien que l’expérimentation ait confirmé l’intérêt du secteur sportif pour notre produit, nous avons vite réalisé que le marché du sport élite était particulièrement complexe à appréhender. La multiplicité des acteurs, des environnements et des intérêts divergents nous a poussé à repenser notre premier « use case ». 

Heureusement, tout le travail technique réalisé avec ce club pendant l’expérimentation nous a permis de développer un outil polyvalent, adapté à différentes situations. Nous nous sommes ainsi retrouvés avec un outil « couteau-suisse », capable d’apporter une valeur ajoutée dans plusieurs secteurs, notamment en neurologie. En échangeant avec des neurologues qui travaillaient déjà avec notre partenaire, la Professeure Leslie Decker du laboratoire Comète à Caen, nous avons pris conscience du potentiel de notre solution pour ce domaine. Nous avons alors initié un pivot afin d’adapter notre solution à la neurologie.

Et maintenant, que va-t-il se passer concrètement ?

Alexandre Dalibot, a-gO : Notre pivot stratégique a complètement redynamisé notre recherche de fonds, ce qui va nous permettre de développer la société et de recruter de nouveaux profils. 

Pour l’année 2024, nous recherchons en priorité un profil de cadre dirigeant expérimenté dans la Medtech pour développer avec nous la vision stratégique de l’entreprise et dérisquer l’accès au marché. Concernant l’année 2025, l’objectif est de recruter deux autres profils (ingénieur algorithme et développeur fullstack). Pour 2026, nous continuerons de recruter dans le domaine technique mais également dans le domaine réglementaire et marketing pour terminer l’année avec une quinzaine de collaborateurs.

En quoi l’accompagnement du Poool a été déterminant pour que l’expérimentation puisse se faire ? 

Alexandre Dalibot, a-gO :  Le Poool nous a aidé dans le montage de notre dossier, nous avons bénéficié d’un accompagnement à la préparation du projet, ce qui nous a apporté un regard éclairant sur les clés de succès d’une expérimentation que l’on a pu mettre en application. Cela nous a permis par exemple de faire l’expérimentation dans plusieurs structures différentes. En testant notre solution chez trois partenaires de manière simultanée, nous avons bien plus rapidement mis le doigt sur les avantages et les inconvénients de notre solution. 

Par ailleurs, le dispositif nous a également permis de supporter des frais que nous n’aurions pas engagés. En effet, chez les start-ups He-Saas, le retour du client est primordial pour obtenir une solution parfaitement en lien avec le besoin du terrain : cette aide INNO Expé Numérique a été une réelle opportunité bénéfique pour la suite du projet a-gO.

Sur le suivi des projets, les échanges réguliers entre notre référent technique et les équipes des expérimentateurs se sont parfaitement déroulés. La communication a été excellente entre les différents partenaires ainsi qu’avec les usagers, patients et sportifs, qui ont joué le jeu de l’expérimentation. Nous avons, comme prévu, effectué régulièrement un déplacement chez nos expérimentateurs afin de récupérer les données et faire le point avec eux. Ceci a contribué à générer une petite communauté autour de la société a-gO, communauté sur laquelle a-gO pourra s’appuyer dans ses futurs projets.

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